Type spectral

Type spectral
En astronomie, les étoiles présentent quatre caractéristiques principales: leur température de surface, leur gravité à la surface, leur masse et leur luminosité. Ces caractéristiques ne sont pas indépendantes les unes des autres et ne sont pas directement mesurables.

Si vous observez attentivement le ciel, vous remarquerez que les étoiles ne sont pas toutes blanches : certaines sont rouges, d’autres bleutées. Elles se présentent dans une variété de couleurs déterminées par leur température de surface. Les étoiles chaudes sont bleues tandis que les étoiles froides sont rouges. Dans un ordre croissant de température, une étoile sera rouge, orange, jaune, blanche, bleue et violette. Cet ordre de couleur peut sembler étrange : on associe souvent le rouge au chaud et le bleu au froid. Mais la physique nous montre l’inverse. Plus un corps est chaud, plus les photons qui s’en échappent ont d’énergie, et plus leur longueur d’onde est courte.

A priori, on pourrait classer les étoiles selon leur température de surface en utilisant la loi de Wien, mais ceci pose quelques difficultés. Les caractéristiques spectrales permettent de classer les étoiles différemment, en utilisant indirectement des informations qui concernent leur température ou leur gravité. En effet, les raies d’absorption présentes dans le spectre électromagnétique des étoiles ne peuvent être observées que dans une certaine gamme de température car ce n’est que dans cette gamme que les niveaux énergétiques atomiques relatifs à ces raies sont peuplés. De même, la largeur des raies d’absorption dépend de la gravité à la surface de l’étoile et donc de sa luminosité.

Classification de Harvard

La classification de Harvard est celle qui attribue un type spectral à une étoile, et correspond globalement à une échelle de température. La classification de Yerkes est celle qui attribue une classe de luminosité à une étoile, et correspond globalement, à une échelle de rayon (voir loi de Stefan-Boltzmann) pour une température donnée.

Cette méthode fut développée à l’observatoire de Harvard au début du XXe siècle par Henry Draper. Après la mort de Draper, sa veuve légua à l’observatoire une somme d’argent pour continuer le travail de classification. La plus grande partie de ce travail fut effectué par les « filles » de l’observatoire, principalement Annie Jump Cannon et Antonia Maury en se basant sur le travail de Williamina Fleming. Ce travail s’acheva par la publication du Henry Draper Catalogue (HD) entre 1918 et 1924. Le catalogue contenait 225 000 étoiles jusqu’à la neuvième magnitude. La classification de Harvard est basée sur des raies d’absorption qui sont surtout sensibles à la température plutôt qu’à la gravité de surface. Les différentes classes et leur température sont les suivantes:

Classetempératurecouleurraies d’absorption
O28 000 — 50 000 °Cbleueazote, carbone, hélium et oxygène
B9 600 — 28 000 °Cbleue-blanchehélium, hydrogène
A7 100 — 9 600 °Cblanchehydrogène
F5 700 — 7 100 °Cjaune-blanchemétaux: fer, titane, calcium, strontium et magnésium
G4 600 — 5 700 °Cjaune comme le Soleilcalcium, hélium, hydrogène et métaux
K3 200 — 4 600 °Cjaune-orangemétaux et oxyde de titane
M1 700 — 3 200 °Crougemétaux et oxyde de titane

Pour mémoriser l’ordre des types spectraux (OBAFGKM), les anglophones utilisent la phrase « Oh, Be A Fine Girl/Guy, Kiss Me! », ce qui se traduit par « Oh! Sois une gentille fille/un gentil gars, embrasse-moi »; il en existe de nombreuses variantes. En français, on pourrait dire : « Observez bien au firmament : grandiose kaléidoscope multicolore ! » La raison de l’arrangement étrange des lettres est historique. Quand les premiers spectres d’étoiles furent pris, on remarqua que la raie de l’hydrogène variait beaucoup et l’on classa les étoiles selon l’intensité de la raie de Balmer : de A, la plus forte, à Q, la plus faible. Puis les raies d’autres éléments chimiques vinrent en jeu : les raies H et K du calcium, la raie D du sodium, etc. Plus tard, il apparut que beaucoup de ces classes se chevauchaient et furent retirées. Ce n’est que bien plus tard encore qu’on découvrit que l’intensité des raies dépendait essentiellement de la température de surface de l’étoile.

Actuellement, ces classes sont subdivisées à l’aide des chiffres (0-9) : A0 pour les étoiles les plus chaudes de la classe A et A9 pour les moins chaudes. Par exemple, notre soleil est une étoile de type G2. Plus récemment, la classification a été étendue en W O B A F G K M L T et R N C S, où W sont les étoiles Wolf-Rayet, L et T représentent des étoiles extrêmement froides : des naines brunes, et R N C S sont utilisés pour les étoiles carbonées.

Classe O
Les étoiles de classes O sont très chaudes (température de surface : 35 000 K pour delta Ori) et très lumineuses et de couleur bleue. Par exemple, Naos, dans la constellation de la Poupe, brille près d’un million de fois plus fort que le Soleil. Ces étoiles possèdent des raies d’hélium intenses et des raies d’hydrogène assez faibles, elles émettent principalement dans l’ultraviolet. Ces étoiles sont si énergétiques qu’elles développent un fort vent stellaire et donc perdent de la matière qui forme alors des enveloppes donnant des raies en émission (type Oe pour les émissions dans l’hydrogène, type Of pour les émissions dans HeII, NIII).

Classe B
Les étoiles de classe B sont aussi très lumineuses et chaudes (température de surface : 13 000 K); Rigel, dans la constellation d’Orion est une supergéante bleue de classe B. Leur spectre possède des raies d’hélium neutre et les raies d’hydrogène sont assez faibles (elles sont appelées raies de Balmer). Les étoiles de type O et B sont si puissantes qu’elles ne vivent que fort peu de temps. Elles ne s’écartent donc que peu de l’endroit où elles se sont formées. Ainsi, elles ont tendance à s’assembler en ce qu’on appelle des associations OB1 qui regroupent ces étoiles au sein d’un immense nuage moléculaire. L’association OB1 d’Orion forme un bras entier de la Voie lactée et contient toute la constellation d’Orion. Il faut noter que c’est la présence d’étoiles très brillantes et non leur nombre qui font que les bras des galaxies paraissent plus brillants. On peut rajouter que parmi les 100 étoiles les plus brillantes, 1/3 sont des étoiles de type B. Certaines étoiles B montrent des raies en émission dans leur spectre. Selon que les raies soient des raies interdites (en) ou des raies normales, on parle d’étoiles «B[e]» ou «Be» (le «e» pour émission).

Classe A
Les étoiles de classe A sont parmi les plus communes visibles à l’œil nu. Alpha Cygni (Deneb) dans la constellation du cygne et Sirius l’étoile la plus brillante du ciel dans le visible, sont deux étoiles de classe A. Comme toutes celles de ce type, elles sont blanches, leur spectre possède des raies d’hydrogène assez intenses (raies de Balmer) et montre plus faiblement la présence de métaux ionisés (raie K du calcium ionisé).
Certaines d’entre elles présentent des caractéristiques remarquable notées Am ou Ap. Elles font partie des étoiles à fort champ magnétique (taches) ou présentant de fortes concentration de certains métaux (par lévitation du aux forces radiatives) renforçant les raies spectrales de ces éléments chimiques.

Classe F
Les étoiles de classe F sont encore très lumineuses (température de surface : 7200 K à 6 000 K), et sont en général des étoiles de la séquence principale, comme Fomalhaut dans la constellation du Poisson austral, Canopus, l’Etoile Polaire, Procyon A. Leur spectre est caractérisé par des raies d’hydrogène plus faibles que dans les étoiles A et la présence de raies des métaux neutres et ionisés (FeI, FeII, TiII, CaI, Ca II, MgI, etc.).

Classe G
Les étoiles de classe G sont les mieux connues, pour la seule raison que notre Soleil est de cette classe. Elles possèdent des raies d’hydrogène encore plus faibles que celles de classe F et des raies de métaux ionisés ou neutres. Les raies du CaII H & K sont très prononcées. Le type G est l’un des derniers (outre K et M, ci-dessous) où l’on distingue encore (étant donné la température de surface de 5 000 à 6 000 K) des raies moléculaires encore assez fortes (CH, CN, C2, OH). Elles doivent d’ailleurs leur nom ‘G’ à la molécule CH qui présente une forte absorption vers 4300 A identifiée par Fraunhofer par la lettre G. alpha Centauri A est une étoile G.

Classe K
Les étoiles de classe K sont des étoiles de couleur orange, légèrement moins chaudes que le Soleil (température de surface : 4 000 K). Certaines, comme Antarès, sont des géantes rouges alors que d’autres, comme Alpha Centauri B, sont des étoiles de la séquence principale. Elles possèdent des raies d’hydrogène très faibles, voire inexistantes, et surtout des raies de métaux neutres. Quelques composés moléculaires y sont visibles : CH, CN, CO, ainsi que les larges bandes de TiO (oxyde de titane) pour les plus froides.

Classe M
Les étoiles de classe M sont les plus nombreuses (température de surface : 2 600 K). Toutes les naines rouges, soit 90% des étoiles existantes, sont de ce type, comme par exemple Proxima Centauri. Bételgeuse, de même que les étoiles variables de type Mira sont également de ce type. Leurs spectres montrent des raies correspondant à des molécules (CN, CH, CO, TiO, VO, MgH, H2, etc.) et des métaux neutres, les raies de l’oxyde de titane peuvent être très intenses et les raies de l’hydrogène en sont généralement absentes.

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